Fuite devant une pomme

Piégé ! Il était piégé ! ON l'avait piégé. Et une fois encore c'était un groupe de sales humains qui l'avait envoyé dans cette situation. Adam sentait la sueur dégouliner le long de son échine dorsale et l'angoisse l'envahir. Comment allait-il s'en sortir ? Il voulait partir, s'enfuir, s'en aller mais hélas il ne pouvait pas. Il était retenu ici, enchaîné aux règles de la politesse et de la bienséance. Et envers qui ? Pourquoi faisait-il ça ? Au secours ! Au fur et à mesure que ses 'compagnons' ou plutôt ses ravisseurs l'emmenait vers le début de son calvaire, il pâlissait. Une des personnes qui était avec lui le lui fit même remarquer :

"Eh ! Adam ! T'es plus blanc qu'un drap, là !
- Oh ne t'inquiète pas, Morris. C'est rien."

Parce qu'il s'appellait Morris en plus. Morris, Phillips, Sung et Henry, c'étaient les noms des quatres personnes qui l'avaient réquisitionné dans la matinée pour une histoire de piston auprès de la directrice et depuis, ils ne l'avaient plus lâché. Adam ne les connaissaient que très peu avant cette confrontation et peu à peu les avait de plus en plus haït. Là, ils l'emmenaient dans le restaurant de l'entreprise. La salle qu'il cherchait à éviter. La salle qu'il ne supportait pas de voir, de sentir, il n'aurait voulu qu'un prétexte pour pouvoir s'esquiver. Mais voilà, quel prétexte ? Il n'en avait aucune idée.

Il se retrouva avec un plateau dans la main sans comprendre pourquoi. Il se faisait pousser, l'obligeant à arriver devant les fruits. Il vit une pomme rouge et appétissante et son visage se décomposa. Il regarda autour de lui et vit une silhouette famillière. Il se retourna précipitamment et se dirigea vers elle, abandonnant sans remords son plateau sur les barres métalliques.

"Oh ! Madame la directrice !"

Oui, sa supérieure. Par quel miracle était-elle arrivée là ? Il l'ignorait mais lui en fut gré. Il s'assit à sa table et commença à parler à mi-voix :

"Sauvez moi Annalina ! Faites durer la conversation le temps que ces quatres types, là-bas, se barrent !"

Annalina était amené de temps en temps à manger à la cantine. Non pas qu'elle appréciait cet endroit bruyant, et encore moins les repas qui y étaient servit. Mais, elle avait remarqué dès son entré dans l'entreprise, que les exécutants se sentaient moins dénigrés. En fait, il lui semblait qu'ils se sentaient mieux quand les personnes dites "plus importantes" étaient logés à la même enseigne. Comme si manger à la cantine pouvait la rabaisser. Ridicule. Son seul soucis étant qu'à l'heure du repas les gens avaient tendance à se relâcher, et donc elle percevait plus d'émotions à cet instant que le reste de la journée. Tenir ces barrières levées lui prenait pas mal d'énergie, mais elle n'avait pas le choix.

Se dirigeant vers les présentoirs regorgeant de nourriture, enfin de ce que le commun des mortels appelait nourriture, Annalina aperçue Adam. Blanc comme un cachet d'aspirine. Presque translucide. Mais que faisait-il à la cantine? Lieu qu'il évitait soigneusement. Voire avec maniaquerie. Non, en fait c'était pire que ça. Annalina savait. Ils n'en avaient jamais parlé vraiment. Mais, elle savait. Il n'y avait pas besoin de ressentir les émotions des autres pour savoir ce qu'il avait. Bien que ce soit ordinairement un problème de jeune fille.

Ils ne s'appelaient par leurs prénom que quand ils étaient seul où en compagnie des grosses pointures de la société, d'où le Madame la Directrice. Elle aurait grimacé s'ils avaient été seul. C'était grotesque et ridicule comme titre.

Écoutant la requête d'Adam, elle lui murmura :
"Je vais faire mieux que ça!" Puis reculant légèrement, elle parla assez fort pour que les personnes, dans un rayon d'une quinzaine de mètres, entendent se qu'elle disait :
"Mr Smith, vous mangerez avec vos amis une autre fois. J'ai besoin de vous. Vous savez bien que nous recevons Messieurs Bama et Clint, et nous ne serons pas trop de deux pour négocier."
Les deux hommes cités précédemment étant connu dans plusieurs services de BioM à cause de leurs nombreuses exigences. En parlant d'eux, Annalina lui assurait un retrait stratégique de la cantine sans que personne puisse y redire quoi que ce soit. Tournant sur elle même de 180°, elle se dirigea vers la sortie d'un pas assez rapide, qui suggérait l'urgence.

[merci pour l'édition, j'étais un peu gêné. ^^]

Mieux que ça ? Le visage du secrétaire qui s'était fait neutre en commençant à discuter avec Annalina ne bougea pas plus. Pourtant, intérieurement il jubilait. Sauvé ! Il était sauvé ! Merci à son bras droit. Ou à sa supérieure. Cela dépendait de quel point on se plaçait. En tout, merci à ce qu'il avait de plus proche comme amie. Amie ? Il n'était pas certain de connaître la véritable signification de ce mot, il fallait dire qu'il n'en avait jamais eu pendant son enfance. Mais Annalina se rapprochait le plus de la définition, celle qui avait toute sa confiance. Et c'était cette confiance qui faisait qu'il ne montrait pas ses émotions et que son visage restait neutre en sa présence. Il n'avait pas besoin de bouger les muscles de son visage pour se faire comprendre, paraître moins bizarre et se faire accepter des autres. Il pouvait rester lui-même en sa compagnie. C'était une bouffée d'oxygène. Pour elle qui manipulait les émotions, sa seule présence suffisait en général à lui faire changer d'humeur.

Avant qu'il ne soit totalement sorti de ses pensées, Adam entendit ses paroles. Là encore, il ne sourit pas mais l'intention y était. C'était une bonne idée, une bonne couverture, un excellent alibi. Il allait pouvoir sortir de ce guêpier sans crainte. Peut-être avait-elle crié un peu trop fort ? Mais il semblait que ses idiots d'humains ne s'en rendent pas compte. En tout cas, elle se leva et le précéda vers la sortie. Adam jeta un coup d'oeil et vit son plateau qui trônait, solitaire, sur les barres métalliques. Solitaire et surtout, vide. Victoire ! Il avait gagné ! Une bataille de plus contre ces infâmes kilogrammes. En regardant, il s'était arrêté sans s'en rendre compte. Annalina venait de fermer la porte de l'éntrée du restaurant. Immédiatement, les murmures se firent entendre :

"Qu'est-ce qu'un simple secrétaire peut négocier ?
- T'es naïve ou quoi ? C'est pas une bavette qu'il va aller tailler, là ! Qu'est-ce que tu crois ?"

D'autres conversations résonnaient, Adam sentit la haine monter en lui. Il se remit en marche et sortit à grand pas. Dès qu'il referma la porte, il s'adressa à mi-voix à Annalina. Il ne la regardait pas, avait la tête un peu baissée et les dents serrées de rage et de honte.

"Annalina, s'il te plait répète moi ce qui m'empêche de faire apparaître des fauves et d'aller les faire bouffer ces putains d'humains !"

Le ton était monté petit à petit, la mâchoire restait crispée et ses doigts encore posés sur la poigné blanchissaient à force de se serrer dessus.

Bien que n'ayant pas entendu les propos tenu par le personnel et qui avait énervé Adam, Annalina en devina la teneur. Il est vrai qu'ils étaient plus proche que ne le sont en temps normal des collaborateurs, mais ils ignoraient tous pourquoi. Ils ignoraient aussi qui étaient réellement Adam et Annalina. Mais la plupart des salariés de BioM étaient condamnés. Par qui me demanderez-vous? Par la Corporation bien sur.

Posant sa main gauche sur l'épaule d'Adam, elle remonta ses lunettes de l'indexe droit comme toujours, et dit doucement :
"option N°1 : parce qu'il faudrait nettoyer le restaurant d'entreprise après et expliquer la disparition de presque tout le personnel de BioM,
option N°2 : parce qu'ils nous aident a faire du chiffre, ce qui va nous permettre de les exterminer plus facilement,
option N°3 : somme de l'option N°1 et 2."
En murmurant tout cela, elle avait le sourire en coin des gens qui savent qu'ils obtiendront ce qu'ils veulent. Elle savait aussi qu'en disant cela, elle calmerait Adam, sans même avoir recours à son don. En réalité, elle ne s'en servait presque jamais avec lui, il suffisait qu'elle lui parle. Il devait penser qu'elle se servait de son don et cela le calmait de savoir qu'elle le calmait, alors qu'il n'en était rien. La psychologie était vraiment intéressante. Et encore plus quand on avait accès au émotions des autres. Elle avait remarqué que sa rapide progression avait rendu jaloux des personnes en qui elle aurait eut toute confiance si elle n'avait pas eut son don.
"Allez viens dans mon bureau, ça ne sert à rien, tu en fera ce que tu voudras une fois qu'on en aura fini avec les académiciens. D'ailleurs, il serait intéressent de voir ce qu'on pourraient faire contre ces imbéciles. Cela fait un moment qu'on a pas tenté une attaque quelconque contre eux!"

Pressant l'épaule d'Adam pour qu'il lâche enfin cette pauvre poignée de porte qui ne lui avait rien fait, elle le tira doucement afin de se diriger vers l'ascenseur le plus proche. Son bureau n'ayant qu'un accès par les ascenseurs excepté un escalier de secours inconnu du personnel et qu'Annalina utilisait en de rares occasions.

Adam soupira longuement, les yeux fermés. Il avait entendu les arguments d'Annalina. Et bien qu'il n'avait pas vraiment envie de les admettre, la raison lui indiquait qu'il devait céder. Il rouvrit les yeux et précisa :

"D'accord, ces types auront droit à un délai. Mais il y a une petite liste de personnes dont je voudrais m'occuper personellement."

Sentant la main contre son épaule, il se redressa et s'écarta de la porte. Ou plutôt fut écarté de la porte en même temps qu'il se redressa par un costaud sans attention. Adam ne pouvant pas lutter contre cette force se retrouva un peu expulsé contre le mur. Il évita de justesse que la poignée de la porte lui enfonce le bras. L'importun se figea face à la directrice. Le secrétaire lui, ne fit qu'haïr un peu plus le nouveau venu. Morris. Adam savait qu'il avait parfaitement vu le secrétaire contre la porte à travers le hublot vitré. Pourquoi n'avait-il pas pu être un peu plus délicat ? Adam connaissait déjà la réponse : parce qu'il n'avait pas aperçu la directrice à travers ce même hublot.

Avant même qu'il ne réfléchisse plus avant, Adam sembla se figer, la tête un peu penchée vers le sol, un bras attrapant l'autre, barrant ainsi son torse. Morris, il ne pouvait plus supporter ce type, il lui donnait des envies de meurtre. Mais Annalina avait raison par ailleurs, il devait être discret. ce fut d'ailleurs ce qu'il fit. Bien qu'il pouvait contrôler ce qu'il faisait apparaître, il était des occasions où il n'en avait pas besoin. Il fit apparaître une araignée, une veuve noire sous son col. L'instant d'après, la rigidité de ses membres disparue et il attendit patiemment que la directrice remette en place ou se débarasse de cet abruti humain. Il savait également qu'Annalina pouvait comprendre rien qu'à le regarder et encore plus si elle utilisait son pouvoir. Il ressentait une immense satisfaction morbide qui ne se laissait aucunement voir sur son visage neutre.

Une fois revenu Adam à la raison Annalina lui précisa :
"Tu t'occuperas de qui tu voudras, de la manière que tu voudras, mais en temps voulu."
Elle allait ajouter quelques mots lorsque la porte du restaurant s'ouvrit brusquement. L'individu se figea quand il l'aperçut. Baissé légèrement ses arrières, elle ressentit la violence de la jalousie qu'il éprouvait à l'égard d'Adam. La raison était certainement les rumeurs infondés sur les occupations communes à la Présidente et son secrétaire. Rumeurs totalement infondés qui ne faisait même plus rire Annalina tellement elle en avait entendu de versions différentes.

S'adressant à l'espèce de gorille jaloux qui avait failli écrabouiller Adam d'un ton dur et cassant, elle le toisa du regard, histoire qu'il se sente minable. C'est-à-dire ce qu'il était. Un pauvre minable. Qui visait bien trop haut. Beaucoup trop haut. On ne couche pas avec sa CEO comme avec une quelconque secrétaire. Mais elle ne pouvait pas appuyer sur ce point, elle trouva donc autre chose :
"Modérer vous, vous allez travailler pas en récréation comme un môme de 5 ans. Et que je ne vous y reprenne pas à maltraiter le matériel."

Elle ne lui avait pas signifié de partir clairement, mais d'un signe de tête elle l'avait congédié. Il agit alors comme tout les autres types minables de son genre, courbant la tête honteux de s'être fait gronder, il tourna les pas pour se diriger le dos légèrement vouté vers les ascenseurs afin de retourner travailler. Il n'avait de toute façon pas d'autres options possibles.

A ce moment elle sentit une différence dans les émotions d'Adam, un coup d'œil lui suffit pour voir qu'il était plus détendu. Un sentiment de satisfaction de plus en plus prononcé. C'est ça le changement. Elle ignorait ce qu'il avait fait, mais il avait forcément fait quelque chose pour être presque content.
"Adam, ce qu'on à fait doit être totalement supprimé. TOTALEMENT. On va faire autrement." Elle le regardait dans les yeux. Elle ne pouvait pas dire réellement ce qu'elle voulait car ils étaient dans un endroit où il y avait du passage, mais le sous entendu était tellement gros. Et très clair. Ce n'était pas un ordre, car elle ne pouvait pas donner un ordre au Carpocapse, tout comme le secrétaire ne donne pas d'ordre à son CEO. Mais l'enjeu était trop important pour que l'un ou l'autre face un truc stupide. Et c'était ce qu'il était sur le point de faire. Si ce n'était déjà fait. Ce serait vraiment mauvais genre une mort suspecte dans leurs locaux, et cela leur attirerait le regard de la police. Ce qui n'est pas l'objectif d'un groupe discret cherchant à supprimer la majorité de la population New Yorkaise.

[pas eu le temps de rp aujourd'hui, je réponds en vitesse au message le plus ancien]

Adam s'en doutait bien, Annalina avait tout de suite compris. Il haussa les épaules : il n'avait pas essayé de lui cacher la vérité non plus. Mais il soupira d'un air agacé et répliqua à mi voix :

"J'en ai marre que tu ais toujours raison. Et les épargner, c'est encore pire."

Il n'empêcha que le secrétaire s'accroupit et se mit à lacer ses chaussures. Mais au moment de faire le noeud, ses doigts se figèrent une fois de plus. A l'autre bout du couloir, Morris se mit à sursauter en poussant un cri de surprise et on le vit porter sa main dans son dos au niveau du col et à se taper dessus à grand coups de claques. Tout le monde dans le couloir s'arrêta pour le regarder gesticuler. Il se mit à crier soudainement :

"Il y a un truc sous ma chemise !"

Un de ses amis vint l'aider. Adam se releva à ce moment. La conclusion était évidente : néant. Morris ne pouvait avoir que rêvé. Adam ne put s'empêcher de prononcer intentionnellement sur le ton de la confidence à la cantonade :

"J'avais entendu que Morris consommait des choses. Et dire que je ne l'avais pas cru."

Le ton de la confidence était là mais plus de la moitié du couloir l'avait entendu. La rumeur enflerait et se déformerait, surtout qu'il avait été très flou. Le carpocapse se dirigea vers l'ascenseur, la neutralité collée au visage. Pour autant, il jouissait intérieurement. Un grand sourire s'affichait sur son moi intérieur, l'adamscope lui montrait un monde plus satisfaisant déjà. Mais après avoir appuyé sur le bouton de l'ascenseur, il regarda autour de lui et commença à discuter avec sa supérieure officielle de la situation.

"Au fait, madame la directrice, n'aviez vous pas mentionné la création d'un programme interne contre les substances illicites chez les employés récemment ? Morris pourrait être l'ambassadeur de cette campagne, ne pensez-vous pas ?"

Il était tout à fait logique que les témoints discutent de l'événement qui venait de se passer. Adam ne s'en privait pas surtout qu'un foule attendait autour d'eux. Toutes les conversations tournaient autour de ce sujet mais il y en avait peu : on écoutait stratégiquement la directrice en espérant obtenir une info concernant la compagnie. Avec Annalina, ils savaient qu'ils repartiraient peut-être les mains vides.

Annalina fit la moue et murmura à l'attention de son secrétaire :
"Je n'ai pas toujours raison, loin de là et tu le sais. Et on ne les épargne maintenant que pour mieux les massacrer plus tard. Tout n'est qu'une question de temps et de timing."

Le cri de peur dudit Morris, résonna dans tout le couloir. Annalina sursauta, comme la moitié des personnes présentes dans le couloir. Regardant avec intérêt l'homme se trémousser de manière ridicule pour ôter le 'truc' sous sa chemise, Annalina ne put s'empêcher de se demander comment Adam s'était-il laissé trainer à la cantine par un boulet pareil.

Restant de marbre à l'allusion franchement énorme d'Adam, elle jeta dans sa direction, un regard amusé qu'il serait le seul à pouvoir interpréter. Elle savait que c’était une petite vengeance. La vrai viendrait le jour où il lancerait l’extermination des non mutants.

"Je me demande s’il n’est pas plutôt en train de nous une petite crise de paranoïa. J’ai entendu à la radio ce matin qu’il y avait de plus en plus de gens atteint par cette maladie. Enfin, faite le escorter jusqu’à l’infirmerie." La dernière phrase avait été dite d’un ton lasse, et un mouvement léger de la main droite congédiait l’ensemble des personnes présentes dans le couloir.

Le spectacle était terminé, il était temps pour tous de retourner travailler. Sauf pour Annalina. Mais ça personne ne le savait. Pas même Adam, qui la suivrait dans l’ascenseur où elle montait.

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